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Un autre regard sur le rail
29 mars 2019

Armes à bord des trains: un sujet qui dérange ?

Hier, nous avons ébruité, ainsi que les organisations syndicales, les faits qui se sont produits le mercredi 27 mars 2019 dans un TER Limoges - Périgueux - Bordeaux. Pour rappel, il s'agit de la maîtrise, par un ADC en voyageur et un ASCT, d'un homme armé pendant que deux autres ASCT rassuraient les passagers. Suite à quoi, nous avons reçu deux types de mails. Mails de certains éléments de la direction qui essaient de nous faire taire. Et mails de cheminots qui ont apporté leur témoignage sur des expériences similaires bien souvent passées sous silence.
 
1: Mails de cadres

Nous avons donc reçu une demie dizaine de mails provenant de cadres, qui se sentent pousser des ailes, qui estiment être investis d'une mission suprême et qui nous ont demandé, avec des "menaces" à demis mots, de retirer cette information de notre page et de notre fil Twitter ! Manque de pot, nous ne sommes pas du genre à nous laisser intimider, surtout lorsque nous savons pertinemment que nous ne faisons rien de mal. Les mails de cadres persuadés d'avoir une immunité générale ne sont pas rares. Ils ont toujours eu un effet contraire, à savoir, nous inciter à continuer notre travail qui dérange et qui fait peur. Par respect, nous disons que nous sommes navrés de ne refléter une partie de la vérité - à laquelle chacun est libre d'adhérer ou non -, et de porter un autre regard sur le rail. Un regard quelque peu effrayant pour une partie des membres de la direction.
 
Aussi, nous rappelons à cette occasions que tout membre de la direction n'a aucun pouvoir sur des cheminots en dehors des fonctions de ces derniers. Nous ne réagissons ni au nom de l'entreprise - et c'est répété une bonne quantité de fois dans nos informations générales -, ni dans un cadre professionnel. Les propos de chaque cheminots tenus sur les réseaux sociaux sont tenus dans le cadre de la liberté d'expression, sous condition de respecter certaines limites rarement franchies par les cheminots (nous en parlerons bientôt)
 
De plus, l'information a également été rapportée par les organisations syndicales et est relayée dans des groupes de cheminots par le biais de la photo de l'affichage effectué à l'ESV de Bordeaux. Elle ne revêt aucun caractère interne, puisque les faits se sont produits en public, et n'est pas de nature à mettre à mal l'entreprise, ni à lui porter un préjudice réel. N'importe quel passager du TER en question aurait pu en parler. N'importe quel passager aurait pu être suffisamment bien placé pour convaincre les médias d'en parler.
 
2: Mails de collègues confrontés à des armes

Nous avons reçu une douzaine de mails d'agents, de collègues, ASCT ou agents d'escale, qui nous affirment avoir été, récemment ou non, en contact avec des personnes munies d'armes factices ou non. Arme de poing, arme à feu, couteau... Toutes ont été exhibées de manière à faire peur aux usagers et aux cheminots avec, qui sait, un projet de passage à l'acte par le détenteur de l'arme. Dans chaque cas, l'intervention des ASCT ou agents d'escale a permis d'éviter le pire, de prévenir et de faire intervenir les forces de l'ordre en éloignant les passagers le cas échéant. Certains ont maîtrisé des individus armés.

Dans la majorité des cas, et nous avons vérifié, la presse n'en a pas dit un mot. Évidemment, quand c'est un cheminot qui se met en avant afin d'éviter le pire, c'est moins vendeur qu'une histoire douteuse avec des américains applaudis en héros, pendant que Jean Hugues Anglade s'acharne sur le personnel de bord ! Pas de quoi en faire un film quand c'est l'affreux cheminot qui se met en avant. Quand bien même, n'espérons pas que ça arrive; si le cheminot se fait tirer dessus, nous ne sommes même pas surs que les faits seront reconnus à leur juste valeur ! 

La majorité des collègues qui nous ont témoigné de leur expérience disent ne pas avoir été soutenus ou pris en charge par la direction. Seule la médecine et le pôle de soutien psychologique leur sont efficacement venus en aide. Dans certains cas, leur direction leur a même dit que les faits sont anodins. Sommes nous en France ou aux États-Unis ? On aimerait comprendre ce point de vue, ces éléments de langage. Sans doute isolés et locaux, comme toujours ! Mais il il y'a bien une chose de vraie, c'est qu'on trouve des individus porteurs d'armes partout. Dans les trains, dans les autobus, dans les métros, dans les magasins, dans la rue... 

In fine, le but a toujours été d'étouffer au maximum l'affaire, comme nous l'ont dit deux cheminots. Lesquels ont été plus ou moins priés de ne rien dire autour d'eux. Dans quel but ? Pourquoi cacher de tels faits ? Pourquoi les minimiser ? Faut il (nous ne le souhaitons pas) qu'une femme, qu'un mari, qu'un enfant de cadre se fasse tirer dessus ou se fasse planter par un détraqué à bord d'un train pour qu'ils réagissent tous ? Ou alors ces faits sont ils tant d'arguments en défaveur de l'EAS et de la déshumanisation des gares ?
 
Voila pourquoi, même si la sécurité est votre, notre priorité, nous conseillons à chacun de ne pas prendre de risques et d'appliquer simplement les procédures sûreté. Quand, bien évidemment, elles sont portées à votre connaissance. En résumé, "contentez vous" de prévenir les autorités via le PC en donnant un maximum d'informations. Si vous êtes usager, utilisez le 3117 (appel gratuit) ou le 31177 (SMS gratuit) en donnant là aussi un maximum d'informations.
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